AGRICULTURE L’organisation écologiste Greenpeace publie ce mardi un rapport sur l’impact négatif des pesticides sur l’environnement…
Les pesticides ne sont pas bons pour l’environnement. On les accuse
de dégrader la qualité des sols et des eaux, de s’infiltrer partout, de
nuire aux insectes pollinisateurs et même à nous, humains, sensibles aux perturbateurs endocriniens. Greenpeace le rappelle ce mardi dans un rapport intitulé L’Europe accro aux pesticides.
Car au-delà des nuisances des produits phytosanitaires, ce qui inquiète
l’organisation écolo c’est que leur utilisation ne diminue pas, au
contraire. Pour y remédier, Greenpeace propose plusieurs
recommandations, qu’on vous a résumées ci-dessous en trois grands
points, en y adjoignant l’éclairage de Christian Huygue, directeur
scientifique adjoint de l’agriculture à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).
1 – Changer le système
Greenpeace appelle ça « briser le cercle vicieux de l’utilisation des pesticides ».
Ce cercle, Christian Huygue le reconnaît, est bien constitué : « Tout
le système est organisé autour du phytosanitaire, admet le scientifique.
On est dans un état d’équilibre de chacun par rapport aux autres autour
d’une technique de base qui est le phytosanitaire. » Un
quasi-verrouillage qui rend difficile le changement : il faut que tout
bouge, sinon rien ne bouge. Par exemple, la rotation des cultures ne
peut se faire que si les clients de l’agriculteur comprennent qu’il est
dans l’impossibilité de livrer la même production à chaque saison. Les
solutions énumérées par Greenpeace (biodiversité fonctionnelle,
meilleure gestion des sols, méthodes de lutte antiparasitaires
naturelles, etc.) ne sont réalisables que si tous les acteurs
s’accordent pour les mettre en place.
2 – Revoir l’évaluation des risques
Dans son rapport, Greenpeace évoque deux soucis dans le système
d’autorisation de mise sur le marché des produits phytosanitaires : les
analyses se font sur la substance active du produit et oublie les
additifs (solvants, agents de surface). Et l’effet « cocktail », né du
mélange dans les champs de produits testés séparément, est mal géré. En
gros, un produit validé en labo pourra avoir des effets nocifs imprévus
en vrai. « Il y a dû y avoir une période où on ne regardait pas ça avec
assez de vigilance, pense Christian Huygue, mais aujourd’hui on évalue
le principe actif et les additifs. » L’effet cocktail, lui, « est plus
compliqué à évaluer. On ne prévoit pas tous les scénarios, mais en cas
d’alerte l’ensemble du système repart en étude et l’autorisation de mise
sur le marché peut être retirée ».
3 – Prévoir un soutien politique et financier
Réorienter la recherche publique, arrêter de subventionner les
pratiques nocives de l’agriculture industrielle, jouer sur la fiscalité
pour décourager l’utilisation des pesticides : pour Greenpeace, le
problème est aussi politique. Christian Huygue, lui, se veut optimiste.
« La volonté politique existe », estime-t-il, tout en prévenant : « Il
ne faut pas que cette volonté baisse, car les pesticides font partie des
enjeux majeurs pour les années à venir. » Pour le scientifique, même si
la recherche a encore du boulot, « aujourd’hui il y a beaucoup
d’investissements et on se dirige clairement vers des solutions. Le
système bouge, même si ce n’est jamais à la vitesse que l’on
souhaiterait ». Libre à Greenpeace d’essayer d’appuyer sur
l’accélérateur.
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